Londres tient peut-être enfin son nouveau champion. À 20 ans, Irakli Goginashvili continue d’écrire une page inédite de l’histoire du judo britannique. Déjà champion d’Europe junior en 2025, le judoka du club Palavani vient d’ajouter une nouvelle ligne de prestige à son palmarès en décrochant la médaille de bronze aux Championnats du monde juniors dans la catégorie des -73 kg. Né dans la capitale britannique mais profondément marqué par ses racines géorgiennes, le jeune homme s’affirme comme l’un des talents les plus prometteurs de la scène mondiale. Après une saison exceptionnelle ponctuée de quatre médailles d’or internationales, il confirme que son nom comptera désormais parmi ceux qui façonnent l’avenir du judo britannique.

Une ascension fulgurante nourrie par les racines et le travail
Tout semble aller très vite pour Irakli Goginashvili, mais rien n’a été laissé au hasard. Né à Londres dans une famille originaire de Tbilissi, il a grandi dans un environnement où le judo est bien plus qu’un sport : une tradition familiale. Son père Levon, ancien judoka géorgien devenu entraîneur, l’a initié dès l’âge de deux ans et continue de le suivre quotidiennement sur les tatamis du Palavani Judo Club. Son grand-père pratiquait lui aussi le judo, faisant de cette discipline un véritable héritage transmis de génération en génération. « Je suis fier de représenter le Royaume-Uni, mais mon style reste profondément géorgien », confie-t-il souvent. Et c’est sans doute cette dualité, entre rigueur britannique et intensité caucasienne, qui forge son identité sportive.
Cette saison 2025 restera sans doute celle de la révélation. Goginashvili a remporté pas moins de trois titres majeurs en Coupe d’Europe junior : à Birmingham, à Prague et à Poznan, avant de décrocher le titre européen junior à Bratislava, offrant à la Grande-Bretagne son premier sacre masculin dans cette catégorie depuis un quart de siècle. À cela s’ajoutent deux podiums supplémentaires : une médaille de bronze à la Malaga Junior European Cup et une autre au Podgorica Senior European Cup, où il a prouvé qu’il pouvait rivaliser avec les meilleurs à l’échelon supérieur. Autant de résultats qui témoignent de son impressionnante régularité et de sa capacité à répondre présent sur tous les fronts.
Déjà considéré comme un modèle de professionnalisme malgré son jeune âge, Goginashvili a su apprendre de ses revers. L’an dernier, il avait quitté les Championnats du monde juniors 2024 avec un goût amer, éliminé avant les phases finales. Ce souvenir lui a servi de moteur : « Je savais ce que j’avais mal fait. J’ai travaillé sur ma concentration et mon agressivité », expliquait-il avant son départ pour les Mondiaux 2025. Son ambition était claire : marcher sur les traces des grands noms du judo britannique telles que Neil Adams, Graeme Randall ou Craig Fallon, tous anciens champions du monde juniors devenus des références au niveau senior. En s’imposant parmi les meilleurs de sa génération, il prouve qu’il suit la même trajectoire.
Un parcours solide et une médaille arrachée au courage
Dans la catégorie des -73 kg, Irakli Goginashvili a une nouvelle fois montré sa régularité et sa constance face à un plateau particulièrement relevé. Tête de série et placé dans la poule C, il a parfaitement lancé son tournoi en s’imposant face au Hongrois Attila Uveges, avant de confirmer contre le Grec Konstantinos Tsaparas. Ces deux premiers succès lui ont permis d’aborder avec confiance un quart de finale à saveur très particulière face à son compatriote Benjamin Levy, également membre de la sélection britannique. Dans un affrontement serré et engagé, Goginashvili est parvenu à s’imposer, assurant ainsi au Royaume-Uni une présence parmi les demi-finalistes de ces Mondiaux.
En demi-finale, le Londonien retrouvait le Japonais Ryusei Arakawa, l’un des judokas les plus complets du tableau. Malgré un combat disputé et de bonnes séquences, Goginashvili a dû s’incliner face à la maîtrise du Nippon, futur finaliste de la compétition. Cette défaite l’a envoyé en repêchage, où il affrontait le Suédois Narek Vardanian, un adversaire qu’il connaissait bien pour l’avoir déjà croisé en finale des Championnats d’Europe juniors quelques semaines plus tôt. Cette fois encore, c’est le Britannique qui a eu le dernier mot, remportant son combat et s’adjugeant ainsi la médaille de bronze mondiale.
Ce podium vient récompenser une saison exceptionnelle, marquée par une série de performances constantes sur la scène internationale. Au terme du tournoi, le sourire d’Irakli sur le podium en disait long : plus qu’une consolation, cette médaille symbolise la confirmation d’un immense potentiel. « Je voulais montrer que je pouvais rebondir après ma demi-finale. Cette médaille représente tout le travail accompli cette année », confiait-il après la compétition. Son entraîneur, Levon Goginashvili, partageait la même satisfaction : « Irakli a appris à se battre pour chaque point, à rester lucide dans les moments difficiles. Il progresse à chaque tournoi. »
Avec ce résultat, Irakli Goginashvili boucle une saison quasi parfaite, auréolée de titres européens, de podiums en Coupe d’Europe et désormais d’une distinction mondiale. Le judo britannique, longtemps discret chez les hommes, tient enfin un judoka capable de rivaliser avec les meilleures nations. Sa progression constante et son approche professionnelle laissent espérer un avenir doré, avec comme horizon les Jeux olympiques de Los Angeles 2028. À ce rythme, Goginashvili semble bien parti pour marcher dans les traces de Neil Adams, Graeme Randall et Craig Fallon — les trois derniers Britanniques à avoir transformé un titre junior en succès mondial chez les seniors.