Wollongong, Australie — Trois jours, trois courses, trois podiums : la délégation britannique a brillé de mille feux aux Championnats du monde juniors et U23 2025. Oliver Conway a ouvert le bal avec un titre magistral chez les U23, suivi de la médaille d’argent d’Alex Robin dans la catégorie junior, avant que le relais mixte ne conclue la semaine sur une victoire éclatante. Une démonstration de force qui confirme la continuité du modèle britannique, porté par la génération d’Alex Yee, Beth Potter et Georgia Taylor-Brown, et héritier de la culture de l’excellence instaurée par les frères Brownlee.

L’âge d’or du triathlon britannique
Depuis plus d’une décennie, le Royaume-Uni règne sur le triathlon mondial. L’histoire contemporaine du sport s’écrit en grande partie à travers ses couleurs : les frères Brownlee ont ouvert la voie avec leurs exploits à Londres en 2012 et Rio en 2016, inscrivant le triathlon dans l’imaginaire collectif britannique. Leur héritage s’est prolongé avec une nouvelle génération dorée, menée par Alex Yee et Georgia Taylor-Brown. À Tokyo en 2021, le duo s’était illustré par une double médaille d’argent individuelle avant de décrocher, aux côtés de Jessica Learmonth et Jonathan Brownlee, le titre olympique du relais mixte. Trois ans plus tard, à Paris, Yee a conquis l’or individuel, Potter l’argent, et le quatuor formé par Yee, Taylor-Brown, Potter et Sam Dickinson a complété le podium du relais mixte. Deux olympiades pour confirmer une domination, une philosophie et une continuité.
L’émergence d’une génération comme celle de 2025 n’est donc pas une surprise, mais plutôt une confirmation. Des structures telles que la Brownlee Foundation ou le programme “Next Generation Tri” ont permis à de jeunes talents d’être encadrés dès leurs débuts. Le travail mené dans les universités, à Nottingham, Leeds ou Loughborough, a également joué un rôle décisif dans l’éclosion d’athlètes complets, capables de rivaliser avec les meilleures nations sur toutes les distances. Dans ce contexte, les performances britanniques à Wollongong s’inscrivent dans une dynamique nationale cohérente, celle d’un sport en pleine maturité.
Et pourtant, même dans une discipline habituée au succès, les exploits de ce mois d’octobre ont surpris par leur éclat. Car rarement les jeunes représentants du Royaume-Uni n’avaient dominé à ce point leurs catégories, avec une aisance et une maîtrise dignes des plus grands.
Une génération dorée venue de Wollongong
Chez les moins de 23 ans, Oliver Conway a incarné à la perfection ce modèle britannique. À 20 ans seulement ce qui est d’autant plus remarquable, le triathlète de Radley Athletics Club a écrasé la concurrence pour décrocher son premier titre mondial. Auteur d’une natation solide, il s’est rapidement installé dans le groupe de tête avant de durcir le tempo sur les quarante kilomètres de vélo. Après un dernier passage de transition impeccable, il a littéralement survolé la course à pied, s’imposant en solitaire avec près d’une minute quarante d’avance sur le Hongrois Márton Kropkó.
« Je me suis senti bien dans les jambes toute la journée, racontait-il, serein à l’arrivée. J’ai essayé de maintenir un rythme constant du début à la fin et tout s’est parfaitement enchaîné. »
Ce titre mondial vient couronner une saison exceptionnelle. Conway, vainqueur dès ses débuts en Coupe du monde à Saïdia et quatrième pour sa première apparition en WTCS à Karlovy Vary, s’affirme comme l’un des visages les plus prometteurs du triathlon international. Étudiant à l’Université de Nottingham et désormais membre du Brownlee Racing Team, il combine intelligence de course, maturité tactique et endurance remarquable. Son double triomphe à Wollongong — individuel et en relais — marque une étape décisive dans sa trajectoire. Beaucoup le voient déjà comme le successeur naturel d’Alex Yee sur les formats olympiques et le deuxième relayeur masculin de niveau mondial pour les relais.
Le lendemain, ce fut au tour d’Alex Robin de porter haut les couleurs britanniques chez les juniors. Sur le parcours exigeant de Wollongong, balayé par la chaleur australienne et un vent marin capricieux, il a réalisé une course pleine de sang-froid. Troisième à la sortie de l’eau, il s’est rapidement positionné dans le groupe de tête avant d’aborder la course à pied en quatrième position. C’est alors que son tempérament s’est révélé. À la faveur d’un rythme constant et d’une foulée maîtrisée, Robin a pris les commandes avant d’être rejoint dans les derniers mètres par le Français Tristan Douche, finalement titré. Une deuxième place au goût d’or, tant le Britannique a montré une maturité rare à seulement 18 ans.
Blessé au printemps, il avait confié avant la course vouloir simplement « retrouver le rythme de la compétition » — il repart d’Australie comme vice-champion du monde.
« C’est un privilège de représenter mon pays, expliquait-il. J’ai beaucoup appris en observant les U23 et les élites, et cette expérience me donne envie de revenir encore plus fort. »
Mais la magie australienne ne s’est pas arrêtée là. Le lendemain, pour le dernier de compétition chez les juniors, le relais mixte U23/juniors allait sceller un week-end historique pour la délégation britannique. Alignant Oliver Conway et Alex Robin aux côtés de Bethany Cook et Millie Breese, l’équipe a offert une course aussi tactique que spectaculaire. La première relayeuse, Cook, a maintenu l’équipe dans le groupe de tête avant que Robin ne prenne le relais, plaçant son équipe à portée des leaders. L’expérience et la qualité de Conway, désigné pour conclure, allait alors faire la différence. Parti dans le sillage du Néerlandais Mitch Kolkman, le champion du monde U23 a attendu le moment parfait pour placer son attaque dans les derniers mètres. Son accélération, tranchante et irrésistible, a offert au Royaume-Uni un deuxième titre mondial en trois jours.
Sur la ligne d’arrivée, Conway exultait, entouré de ses coéquipiers : « C’est une victoire collective, fruit d’une semaine incroyable pour tout le groupe. »
Cette cohésion et cette densité de niveau, reflet de la formation britannique, s’est avérée décisive dans un contexte exceptionnel, où les équipes françaises, hongroises et australiennes présentaient également toutes des médaillés individuels.