Le sprint féminin britannique n’a jamais semblé aussi riche en talents. Entre Dina Asher-Smith, égérie de l’athlétisme national depuis une décennie, et Daryll Neita, finaliste olympique et multiple médaillée continentale, l’élite actuelle reste au plus haut niveau. Derrière elles, Amy Hunt, 23 ans, vice championne du monde sur 200 m en 2025 à Tokyo, confirme que la relève immédiate est assurée. Pourtant, déjà, une génération encore plus jeune commence à affoler les chronos. À peine sorties de l’adolescence – et parfois même pas encore – Annabelle Fasuba, Honor Oteng, Celine Obinna-Alo et Aliyah Afolabi représentent une vague de sprinteuses précoces capables, à terme, de prolonger la tradition de vitesse britannique.

Un héritage inspirant pour l’émergence des nouveaux talents
L’émergence de ces prodiges ne se fait pas dans un vide. Depuis près de dix ans, Asher-Smith et Neita ont installé le sprint britannique parmi les meilleures nations mondiales, régulièrement finalistes sur 100 et 200 mètres, mais aussi pilier incontournable du relais 4×100 m. Leur constance a ouvert des perspectives inédites pour les générations suivantes. Dès aujourd’hui, un groupe de jeunes sprinteuses nées autour de 2004-2005 – Joy Eze, Success Eduan, Faith Akinbileje, Nia Wedderburn-Goodison ou encore Renee Regis – alimente les espoirs à court et moyen terme. Cette densité inédite crée un contexte favorable où les plus jeunes peuvent se projeter, avec des modèles proches et accessibles, dans un environnement compétitif.
L’explosion des talents précoces
C’est dans cette atmosphère stimulante qu’a surgi Annabelle Fasuba, sans doute la révélation la plus spectaculaire de ces deux dernières années. Fille d’Olusoji Fasuba, ancien champion du monde du 60 m en salle et ex-détenteur du record d’Afrique du 100 m, et de Ngozi, elle-même olympienne en 2004, la jeune sprinteuse de Plymouth a tout pour marquer son époque. À seulement 13 ans, elle a déjà réécrit les bilans nationaux : 23’’72 sur 200 m, égalant le record britannique U15 de Katharine Merry établi en 1989, et 11’’51 sur 100 m pour effacer la marque de Jodie Williams. Plus étonnant encore, ces performances sont venues moins de deux ans après ses débuts dans le sport, dans une préparation encore centrée sur la technique. Une progression fulgurante qui fait d’elle une figure incontournable de la relève.
Honor Oteng incarne une autre facette de cette effervescence. Née en 2012, elles est la plus jeune des quatre et s’est révélée en 2025 en remportant le titre d’Essex U15 sur 200 m en 24’’55, avant de s’imposer aux championnats scolaires à Birmingham en 11’’81 sur 100 m, devenant ainsi la co sixième meilleure performeuse britannique de tous les temps dans la catégorie U15. Moins médiatisée qu’ Annabelle Fasuba, Oteng confirme pourtant que la base de talents s’élargit considérablement, et que les records de précocité ne sont plus l’apanage d’une seule athlète.
Dans cette dynamique, Celine Obinna-Alo s’impose comme un profil singulier. Entraînée par Richard Kilty, ancien champion du monde en salle, elle s’est illustrée dès l’hiver 2025 en remportant le titre national U17 du 60 m en 7’’38, une performance seulement devancée historiquement par Asha Philip. Depuis, elle a confirmé sur 100 m avec un chrono de 11’’69 malgré des conditions défavorables (-2.2 m/s) à tout juste 15 ans, montrant une capacité à briller aussi bien en indoor qu’en plein air. Battue lors des championnats scolaires d’été, elle incarne néanmoins une constance et une compétitivité qui la placent déjà parmi les valeurs sûres de sa génération.
Enfin, Aliyah Afolabi, sprinteuse de Cardiff, complète ce quatuor prometteur. Révélée dès 2024 avec un record national U15 sur 200 m en 24’’13, elle a confirmé dès l’année suivante en descendant à 11’’62 sur 100 m, un chrono équivalent à celui de Daryll Neita au même âge. Championne du pays de Galles U17 en 23’’86 cette année, elle démontre une progression régulière et une capacité à rivaliser avec les meilleures juniors britanniques
Comme dans d’autres sports, l’histoire de l’athlétisme regorge de prodiges précoces dont la trajectoire a été freinée par les blessures, la pression ou un changement d’orientation sportive. Mais réunies, ces quatre jeunes filles composent une promesse collective rare. Elles sont toutes très hautes placées dans bilans nationaux U15 ou U13 de tous les temps et imaginer Fasuba, Oteng, Obinna-Alo et Afolabi évoluer un jour ensemble dans le relais 4×100 m relève encore de la projection lointaine et même si les chances sont plus que faibles, cela représenterait une belle image entre quatre sprinteuses qui se connaissent et s’affrontent depuis presque toujours.