À l’occasion de la troisième journée des championnats Britanniques de natation 2025, plusieurs nageurs et nageuses ont marqué les esprits, que ce soit par leur talent précoce ou leurs performances exceptionnelles. Entre Oliver Morgan, sacré sur 100m brasse avec un record national à la clé, le prometteur Jacob Mills s’est classé deuxième du 100m nage libre derrière l’expérimenté Duncan Scott, la natation britannique semble entre de bonnes mains pour les années à venir. Retour sur les moments forts de la troisième des cinq journées de compétition.

100 mètres dos hommes – Morgan, souverain et recordman.
Oliver Morgan avait promis de frapper fort, il a tenu parole. À 21 ans, le nageur de l’Université de Birmingham a abaissé son propre record national du 100 mètres dos en claquant un tonitruant 52’’12. Plus qu’un simple titre, c’est une véritable démonstration d’autorité à laquelle il s’est livré, creusant l’écart dans la dernière coulée pour reléguer ses poursuivants à plus d’une seconde. Le précédent record (52’’95) avait été établi par lui-même en 2024, preuve d’une progression impressionnante. Derrière lui, Jonathon Marshall a manqué la qualification mondiale d’un souffle (52’’88 contre 52’’87 requis), tandis que Matthew Ward (19 ans) complétait le podium. Morgan, que l’on avait vu en retrait lors des Jeux de Paris, semble avoir retrouvé toute sa confiance : « Je ne m’attendais pas à ce chrono cette saison, surtout avec l’université, mais semaine après semaine, je sens que tout revient. »
100 mètres nage libre hommes – Richards, patron d’un sprint royal.
La finale du 100 mètres nage libre était comme toujours, l’une des plus attendues, et elle n’a pas déçu. Dans une course aussi tactique que nerveuse, c’est le favori Matt Richards qui s’est imposé en 47’’71, s’adjugeant son deuxième titre consécutif sur la distance. Le champion olympique en relais a su faire parler son expérience, notamment dans les 25 derniers mètres, pour devancer un trio qui a montré les crocs. Derrière lui, la sensation est venue du jeune Jacob Mills, 17 ans, qui a signé un temps canon de 48’’03 – record personnel et record national de sa catégorie d’âge – pour décrocher sa première sélection en championnat du monde. Tom Dean, troisième en 48’’13, et Jacob Whittle, quatrième en 48’’34, complètent une équipe de relais ultra-compétitive pour Singapour qui pourrait bien arriver dans le petit état asiatique avec le statut de favori de la course. Richards a salué la densité : « On a un groupe incroyable, l’un des plus forts d’Europe, et voir des gars comme Mills déjà à ce niveau à 17 ans, c’est inspirant. »
50 mètres nage libre femmes, Eva Okaro, l’explosion.
Déjà dans le radar des observateurs après sa qualification olympique l’an dernier, Eva Okaro a confirmé qu’elle faisait désormais partie des grandes. La sprinteuse de 19 ans a survolé la finale du 50 mètres nage libre en 24’’48, un temps largement suffisant pour valider son billet pour les Mondiaux de Singapour. Ce chrono marque également un record personnel et un pas important dans sa quête d’une finale mondiale. Très explosive sur les 25 premiers mètres, elle a ensuite su résister au retour de ses rivales grâce à une technique de coulée parfaitement maîtrisée. Okaro, qui avait encore du mal à stabiliser ses performances l’an dernier, malgré un record du monde junior, semble avoir franchi un cap psychologique : « J’ai appris à faire abstraction du public, des attentes. Cette fois, j’ai nagé pour moi, et ça a fait toute la différence. »
200 mètres brasse femmes, Angharad Evans, une performance inattendue.
La surprise de la soirée est venue du 200 mètres brasse féminin, où Angharad Evans a conquis son tout premier titre national en s’offrant une place pour les Mondiaux. Sa victoire n’est pas surprenante puisque depuis sa surprenante arrivée la scène de la natation mondiale l’année dernière, ponctuée par une cinquième place en finale des JO sur 100m brasse mais le temps de 2’21’’86, lui est plus surprenant, elle a non seulement pulvérisé son record personnel, mais ce temps l’aurait fait finir quatrième à Paris l’été dernier. Restée au contact des autres nageuses pendant les trois premiers 50 mètres, elle a construit sa victoire dans la dernière ligne droite, en revenant sur Lily Booker et Imogen Clark. La nageuse de l’université de Stirling, encore inconnue du grand public il y a quelques mois, s’affirme comme une future prétendante à la scène internationale. Elle confiait à l’arrivée : « On a travaillé dur cette saison sur le mental et la technique. Je savais que j’avais une carte à jouer si je restais patiente. »
50 mètres dos femmes – Lauren Cox, la patronne du sprint dorsal.
Dans une course serrée comme rarement, Lauren Cox a tenu son rang. En 27’’79, elle a remporté le titre du 50 mètres dos, devançant la jeune Blythe Kinsman (2008 – 27’’94) et la championne d’Europe 2020 Kathleen Dawson (27’’99) qui malgré sa belle carrière semble maintenant loin du meilleur niveau mondiale. Si les écarts sont infimes, notamment dus à la distance de la course, Cox a su faire la différence dès la phase de départ, où sa réactivité et son travail sous l’eau ont permis de prendre une demi-longueur d’avance qu’elle a su conserver. Ce titre confirme sa régularité dans une spécialité où le moindre détail compte. Kinsman, seulement 18 ans, repart avec un premier podium national prometteur. De son côté, Dawson, qui revient après une blessure à l’épaule, s’est montrée satisfaite malgré tout : « Le chrono est correct, la sensation revient. Je sais qu’il me reste du travail, mais c’est encourageant. »
1500 mètres nage libre hommes, le premier titre de Reece Grady.
Sur une distance souvent à l’écart de la lumière médiatique, Reece Grady a imposé sa loi. Le demi-fondeur de tout juste 20 ans a mené de bout en bout un 1500 mètres bien géré, s’imposant en 14’57’’24, à quelques secondes du temps de sélection mondial (14’53’’). Bien que la qualification pour Singapour lui échappe cette fois, il repart avec une victoire pleine de maîtrise et de promesses. Alexander Sargeant et Luke Hornsey complètent le podium, dans une course où les écarts se sont creusés au fil des longueurs. Grady, qui avait déjà montré de belles choses en junior, semble prêt à franchir un cap chez les seniors : « Je suis un peu frustré de ne pas être sous les 14’53, mais on avance dans la bonne direction. » Pour la natation Britannique, ce temps est très intéressant puisque récemment, les longues distances n’ont pas réussi aux nageurs britanniques mais Reece Grady, ou Amelie Blocksidge, vainqueur du 1500m féminin hier sont là pour assurer un avenir radieux.