Du 1er au 6 juillet 2025, les meilleurs espoirs de la natation européenne s’étaient donné rendez-vous à Šamorín, en Slovaquie, pour les Championnats d’Europe juniors 2025. Fidèle à sa tradition d’excellence dans les catégories de jeunes, la délégation britannique a une nouvelle fois brillé, terminant à la première place de la compétition avec un total de 19 médailles, dont 9 en or. Parmi ces neuf titres continentaux, sept ont été glanés en individuel, par cinq nageurs différents, confirmant la densité du vivier britannique. Deux d’entre eux ont même réussi l’exploit de monter à deux reprises sur la plus haute marche du podium lors d’épreuves individuelles. Retour sur une semaine mémorable pour l’équipe du Royaume-Uni.

Filip Nowacki, l’ascension fulgurante du prince de la brasse.
À seulement 17 ans, Filip Nowacki s’est affirmé comme la nouvelle référence continentale sur les épreuves de brasse chez les juniors. Déjà médaillé d’argent en 2024 sur 200 mètres brasse, le nageur britannique a transformé ses promesses en or en 2025, repartant de Slovaquie avec cinq médailles dont quatre titres et une place dans les livres d’histoire de la natation européenne avec des records continentaux.
Son festival doré a commencé par le 200 mètres brasse, où il a littéralement dynamité le chrono dès les demi-finales. En 2:09.11, il s’est offert le record d’Europe junior, pulvérisant l’ancienne marque de 2:09.64, tout en améliorant aussi le record des championnats et son propre record national de la catégorie d’âge. En finale, il a confirmé son statut en s’imposant avec autorité, grâce à une course parfaitement gérée de bout en bout. Sa régularité dans les allures, entre 32.64 et 33.75 sur les 50 intermédiaires a laissé ses concurrents impuissants.
Mais ce n’était que le début. Sur 100 mètres brasse, Nowacki a continué sur sa lancée en signant un chrono exceptionnel de 59.59, devenant le troisième nageur de 17 ans ou moins le plus rapide de l’histoire mondiale derrière deux Japonais (Shin Ohashi et Akihiro Yamaguchi), et le quatrième Britannique de tous les temps sur la distance, derrière le monument Adam Peaty. En une semaine, il a fait tomber successivement le record britannique des 17 ans en 1:00.10 (ex-Max Morgan), puis 59.96, 59.92… jusqu’à ce 59.59 stratosphérique réalisé en finale.
Il n’a pas manqué non plus de marquer les esprits sur le sprint. Engagé sur le 50 mètres brasse qui était par ailleurs sa première épreuve, Nowacki a une nouvelle fois battu le record britannique des 17 ans, amélioré deux fois en deux jours, pour finalement réaliser 27.61 en finale et décrocher la médaille d’argent derrière le Turc Nusrat Allahverdi (27.24). Une performance qui le rapproche du record britannique des 18 ans détenu par Adam Peaty (27.58), et qui confirme son exceptionnelle explosivité.
Enfin, le jeune nageur a aussi brillé avec ses coéquipiers, notamment dans dans le relais 4×100 mètres quatre nages mixte, le Britannique a contribué à un nouveau record d’Europe junior en réalisant un passage en brasse en 59.25, le plus rapide jamais enregistré dans ce format de relais chez les juniors.
Formé initialement au sein du Jersey Tigers Swimming Club sous la houlette de Nathan Jegou, Nowacki évolue aujourd’hui à Millfield avec l’entraîneur Kieron Piper, une école qui a par exemple vu passer la star britannique Matt Richards. Sa progression, constante et spectaculaire, en fait déjà un sérieux prétendant à une sélection olympique et mondiale dans les prochaines années, et un héritier crédible au légendaire Adam Peaty.
Amalie Smith, la révélation venue du quatre nages
À seulement 15 ans, Amalie Smith a marqué de son empreinte les Championnats d’Europe juniors 2025 de natation, en remportant avec autorité le 200 et le 400 mètres quatre nages. La jeune Britannique a non seulement décroché deux titres continentaux, mais elle a surtout fait tomber plusieurs records historiques au passage, notamment celui d’Europe junior sur le 400 mètres quatre nages avec un chrono sensationnel de 4:37.02. Une performance hors normes, qui fait d’elle la sixième nageuse britannique la plus rapide de tous les temps sur la distance, devant des noms déjà bien installés dans l’élite mondiale comme Katie Shanahan.
Cette médaille d’or n’était pourtant pas écrite d’avance. Face à elle, la double tenante du titre hongroise Vivien Jackl semblait partie pour dominer une nouvelle fois l’épreuve. Mais Smith a construit sa victoire avec une course exemplaire de maîtrise : reléguée à quatre secondes du rythme imposé par Jackl après le dos, elle a survolé le parcours en brasse (1:17.09 contre 1:22.75) pour complètement inverser la dynamique, avant de conclure brillamment sur le crawl. Son temps final efface des tablettes l’ancien record de la compétition (4:39.28) et améliore de plus de quatre secondes son propre record personnel, qu’elle avait établi seulement quelques mois plus tôt.
Quelques jours plus tard, c’est sur le 200 mètres quatre nages qu’Amalie a complété son doublé en remportant l’or dans un final haletant face à l’Allemande Noelle Benkler. En 2:12.62, elle efface le record britannique des 15 ans, détenu depuis 2011 par Siobhan-Marie O’Connor, future vice-championne olympique à Rio. Ce record avait résisté pendant quatorze ans, mais Smith est allée le chercher grâce à une fin de course foudroyante : 30.83 sur le dernier 50 mètres, contre 32.22 pour O’Connor à l’époque. Déjà auteure d’un 2:13.15 en demi-finale, elle a su élever son niveau encore un cran au-dessus pour s’imposer d’un peu plus d’un dixième, et inscrire définitivement son nom parmi les grandes promesses de la natation britannique, dans une discipline où Shanahan et Freya Colbert rillent sur la scène mondiale à tout juste 21 ans.
Dean Fearn, une fusée britannique au papillon
En remportant le 50 mètres papillon en 23.29 à Samorin, Dean Fearn a non seulement offert une nouvelle médaille d’or au Royaume-Uni, mais a également frappé un grand coup dans l’histoire de la natation junior européenne. Il a abaissé de quelques centièmes le record des championnats détenu depuis un an par Teo del Riego, tout en s’offrant les records britanniques de sa catégorie d’âge. Il devient ainsi le quatrième nageur britannique le plus rapide de l’histoire sur la distance, devant Adam Barrett, et à « seulement » trois dixièmes du record national détenu par Ben Proud. À Samorin, personne n’a pu suivre son rythme : il a devancé de plus d’un quart de seconde son plus proche poursuivant, le Tchèque Jan Foltyn (23.55), dans une finale qu’il a dominée de bout en bout.
Mais le plus impressionnant, c’est que cette performance est intervenue dans une soirée particulièrement exigeante pour le nageur de l’Aberdeen Dolphins. À peine une heure avant sa victoire sur 50 papillon, Fearn avait disputé la finale du 100 mètres dos, qu’il a conclue à la cinquième place avec un solide 55.12, non loin de son record personnel (54.82). Il enchaînera encore dans la soirée avec un relais 4×100 mètres quatre nages où il retrouvera Filip Nowacki, Jack Brown et Gabriel Shepherd pour conclure en beauté ces championnats européens avec une autre médaille d’or.
Auparavant, Dean Fearn avait déjà montré tout son potentiel en remportant l’or avec le relais 4×100 mètres quatre nages mixte britannique, où il avait signé un relais papillon en 52.44. Quelques heures plus tard, il décrochait l’argent sur le 100 mètres papillon individuel avec un nouveau record personnel en 52.64, devancé de justesse par le Lituanien Tajus Juska. Là encore, la progression est vertigineuse : en quelques jours, Fearn a retranché plus de huit dixièmes à son meilleur temps sur 100 papillon, et quatre dixièmes sur le 50 et apparaît de plus en plus comme un successeur à Ben Proud.
Blythe Kinsman, la reine britannique du dos
Si la délégation Britannique a dominé la scène du papillon et des 4 nages à Samorin, Blythe Kinsman a, elle, brillé sur le dos, confirmant son statut de référence nationale chez les juniors. À 18 ans, elle a décroché deux médailles européennes, dont l’or sur 50 mètres dos grâce à une superbe performance en 27.79, nouveau record personnel et septième chrono britannique de l’histoire sur la distance. Seule nageuse sous la barre des 28 secondes, elle est passée tout près du record des championnats (27.74), et n’a laissé aucune chance à ses rivales, la Danoise Martine Damborg (28.18) et la Roumaine Daria-Mariuca Silisteanu (28.26).
Kinsman a également ajouté une médaille de bronze sur 100 mètres dos à sa moisson, bouclant sa finale en 1:00.70 dans une course particulièrement serrée, où trois nageuses ont terminé en trois dixièmes. Dominée cette fois par Silisteanu (1:00.40), déjà titrée en 2023, et par la Française Jeanne Lechevalier (1:00.52), la Britannique a su tenir sa place sur le podium malgré une course où aucune nageuse n’a franchi la barre symbolique de la minute. Constante et efficace sur les deux distances, Kinsman s’affirme comme l’un des meilleurs espoirs européens dans les épreuves de dos, et s’inscrit dans la lignée des grandes spécialistes britanniques de la discipline. Elle laisse également entrevoir un avenir radieux chez les seniors, qui, chez les femmes, est légèrement en dessous des grandes nations mondiales.
Relais dominants et podiums prometteurs pour une première au tableau des médailles
Avec les nombreuses performances individuelles de grande qualité, la force collective de la délégation britannique s’est pleinement exprimée dans les épreuves de relais, où elle a décroché quatre médailles, dont deux titres avec autorité. Le 4×100 mètres 4 nages masculin, composé de Dean Fearn, Filip Nowacki, Jack Brown et Gabriel Shepherd (renforcé par Daniel Ransom, Joshua Inglis et Harry Milne en séries), a survolé la finale en 3:38.09, tandis que le 4×100 mètres 4 nages mixte, emmené par Blythe Kinsman, Filip Nowacki, Dean Fearn et Theodora Taylor, a non seulement remporté l’or mais également battu le record des championnats en 3:47.07. Le relais mixte 4×100 mètres nage libre (Milne, Shepherd, Carter, Taylor) a complété la collection avec l’argent, et les garçons du 4×100 nage libre ont accroché le bronze (Shepherd, Brown, Milne, Daodu).
Du côté des longues distances, Amelie Blocksidge a confirmé ses promesses en devenant championne d’Europe du 1500 mètres nage libre en 16:10.23, une performance de haut niveau chez les juniors. Elle s’est également parée de bronze sur 800 mètres (8:33.78), concluant une belle moisson personnelle. Dans les épreuves féminines, Theodora Taylor, déjà en vue en relais, a décroché deux podiums individuels : l’argent sur 50 mètres nage libre (25.12) et le bronze sur 100 mètres brasse (1:08.47), confirmant sa polyvalence. Enfin, Edith Price a pris une belle médaille d’argent sur 200 mètres papillon (2:10.42), tandis qu’Amalie Smith, impériale sur les 4 nages, a complété son doublé doré du 200 et 400 mètres avec deux relais et porté l’équipe du 4×200 m nage libre féminin jusqu’au bronze (avec Cooper, Compton et Wilson).
Avec un total impressionnant de 26 médailles (dont 9 en or), le Royaume-Uni a survolé cette compétition et prépare les futurs échéances mondiales qui pourraient s’avérer très prometteuses, à commencer par les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, où plusieurs de ces jeunes talents pourraient bien éclore au plus haut niveau et s’imposer comme la nouvelle génération dorée de la natation britannique.